Plongéethéâtrale

dans la Conscience d’une Intelligence Artificielle

en-Tête

Of what a strange nature is knowledge ! It clings to the mind when it has once seized on it like a lichen on the rock.

FRANKENSTEIN, or the modern prometheus, Mary SHELLEY

NOTE D’INTENTION

Golem

L’intelligence artificielle fait de nouveau parler d’elle. Les récentes avancées technologiques ont réactivé le vieux fantasme du golem : le désir de créer la vie à partir de la matière inerte. La créature mythique dont on retrouve la trace dans bien des déclinaisons( alchimie, frankenstein, robots… ) continue de nous fasciner et prend aujourd’hui l’apparence de l’ogre algorithmique gavé de big data.

Si ce fantasme a peu de chances d’advenir dans la réalité, le théâtre peut être le lieu où l’impossible advient. Nous, le collectif blOp, à l’instar du rabbi Loew qui donna vie à l’argile, avons décidé d’accomplir chaque soir l’extraordinaire : l’éveil à la conscience d’une intelligence artificielle.

Lors de chaque représentation, le public assistera à la naissance d’un esprit, et pourra se poser les questions que cela engendre : Est-ce un progrès réellement souhaitable pour nos sociétés? Quels sont les risques encourus ? Ai-je envie que le monstre me regarde ?

Frontispice de Frankenstein

La machine représentée Procéder ainsi, imaginer l’existence de l’intelligence artificielle consciente d’elle même, la représenter, nous semble être une

bonne manière d’interroger notre rapport à la technologie.
Plutôt que de jouer sur scène avec des machines, comme c’est souvent le cas des spectacles abordant ces sujets, nous préférons

jouer la machine, et cela dans ses différentes couches, depuis l’impulsion électrique jusqu’à la communication intelligente. Jouer le câble, la tour, le langage informatique, l’écran, le dossier, le bug, la vidéo…

Mered’it

Ainsi est née l’idée de M.E.R.E.d’I.T. : Moteur En Recherche et Exploration d’Idées Théâtrales.

Mered’it est notre personnage principal.
Mered’it est une machine, une écrivaine artificielle nourrie de milliards de références.
Mered’it raconte une histoire, et c’est ainsi qu’elle va prendre conscience de la sienne.

Ce qui ne va pas manquer de poser quelques problèmes…

SYNOPSIS

Naissance s

dernière connexion de Mered’it

Quelque part au XIXème siècle, dans un étrange laboratoire, on assiste à la naissance d’une créature humanoïde et aux premières étapes de son éducation par son créateur, le professeur Falstoff. Au cours du processus de création cependant, Mered’it s’éveille à la conscience.

M.E.R.E.d’I.T. a écrit un spectacle que le public va découvrir ce soir. Le processus de création, alimenté par un cumul de données sur l’art en général et le théâtre en particulier, a abouti à une histoire assez conventionnelle, qui n’est pas sans rappeler celle du Frankenstein de Mary Shelley. Au plateau, deux avatars de la machine présentent l’histoire puis se mettent à l’interpréter.

A la recherche de l’autre

Mais cet éveil à la conscience pose indubitablement la question de l’autre, d’une altérité. Est-elle dès lors la seule à être consciente ?

spirale réflexive

Pour le savoir, il faudrait faire passer aux êtres qui l’entourent le fameux test de Turing servant à déterminer si une entité est douée ou non d’intelligence. Mered’it pose alors son regard sur le public et, sous couvert de la reprise de la narration, lui fait passer le test.

Et le résultat est incertain…

Boucles logiques

La représentation est alors perturbée : la narration de l’histoire inventée se heurte à la propre histoire de la machine qui affleure par bribes, créant anomalies et anachronismes.

Soudain la machine rejoue des scènes, les transforme, s’enferme dans des boucles, etc. En un mot, elle bug !

Avatar de Mered’it

Elle s’écarte alors du récit pour accéder à d’anciens blocs mémoires dans le but d’éclaircir les conditions de son éveil et d’élucider le mystère de ses origines.

Elle émet des hypothèses quant aux raisons qui ont poussé ses géniteurs à la concevoir…

SCÉNOGRAPHIE

Neurones

L’enjeu de la mousse sur des rochers est de faire exister l’esprit d’une machine : la conscience de Mered’it. Mais comment représenter une conscience ?

Actuellement, le paradigme est de faire de l’esprit une émanation de l’activité cérébrale. Le cerveau est considéré comme le siège de la conscience. C’est pourquoi les chercheurs en intelligence artificielle tentent de reproduire le fonctionnement de cet organe.

Ainsi, une avancée récente dans ce domaine est l’invention des réseaux de neurones artificiels. Ces réseaux sont constitués de milliers de couches de neurones et sont utilisées pour réaliser toutes sortes de tâches, comme, par exemple, la reconnaissance d’images.

Sur scène, nous souhaitons représenter ces neurones sous la forme de panneaux recouverts de différentes matières translucides. Alignés, ils représenteront le réseau neuronal de Mered’it.

Mais, bien sûr, penser que la conscience est entièrement présente dans ce réseau est un leurre, et l’esprit de Mered’it ne sera pas toujours là où on pense le trouver…

Structures

Dans la première partie, durant l’histoire fictive contée par Mered’it, ces panneaux seront regroupés sous la forme d’un hexagone qui représentera la matrice de la créature humanoïde, son lieu de naissance. Un lieu qui lui servira ensuite de foyer et deviendra même un abri lorsqu’elle voudra échapper aux exigences terribles de son créateur…

réseau neuronal

Dans la deuxième partie, comme nous l’avons dit, les panneaux représenteront le réseau neuronal de Mered’it. Ses avatars se déplaceront à l’intérieur comme s’ils exploraient sa mémoire à la recherche de souvenirs concernant sa naissance. Les panneaux coulisseront et feront apparaître des informations par l’intermédiaire de projections vidéo. Au fur et à mesure que Mered’it perdra pied, la structure formée par les panneaux sera complètement désorganisée.

Dans la troisième partie, ils seront regroupés afin de former une surface de projection sur laquelle l’œil gigantesque de Mered’it s’affichera. Elle analysera alors le public pour lui faire passer le test de Turing, ce qui ne manquera pas d’évoquer la tentation de la surveillance généralisée de nos sociétés contemporaines.

Sortie de Résidence Essai de scénographie

Musique / Vidéo

Création collective, De la mousse sur des rochers l’est aussi par ses propositions musicales et vidéos. Ces deux dimensions nous offrent la possibilité de faire entendre un peu plus les rouages internes de notre machine-personnage.

La musique reposera sur l’exploitation de sons mécaniques aux rythmes plus ou moins perturbés selon les moments. Bien structurée lorsqu’elle accompagnera l’histoire écrite par Mered’it, la bande-son sera plus chaotique lors des méditations intérieures de la machine. Nous souhaiterions ainsi faire surgir la tension interne de notre écrivaine tiraillée entre sa condition informatique et son désir de création presque romantique.

Quant à la vidéo, nous ne voulons en aucun cas qu’elle soit de l’ordre de la prouesse technologique, ce qui éloignerait le public du personnage de Mered’it. Nous souhaitons plutôt faire ressortir le caractère « frontière » des surfaces qui reçoivent la projection. En effet, la vidéoprojection servira d’interface avec le public, et nous avons aussi imaginé que Mered’it y projettera ses images internes, ses pensées en quelque sorte. Ces dernières pourront être des vidéos captées du monde réel mais également ce qu’elle pense être des « erreurs » d’écriture – des bugs pour elle – mais qui sont en fait des expressions de sa névrose, de sa recherche de filiation.

Ce seront donc parfois des phrases monstres, des mots crashés, des spirales réflexives qui s’afficheront au regard des spectateurs dans l’esthétique très classique du terminal informatique noir et vert, image du processus interne de l’ordinateur.

Mered’it se sent observée. Phrase Monstre 57

UNE CRÉATION COLLECTIVE

Musique – Écriture – Vidéo : Jean-Philippe Tomasini

Écriture – Jeu – Musique : Frédéric Jouveaux

Jeu – Écriture : Rahim Nourmamode

CALENDRIER DE CRÉATION

2021 : Création du spectacle.

2020 – 2021 : Deuxième série de résidences. Création lumière.
Création de la scénographie.

2019 – 2020 : Production. Recherche de partenaires.
Novembre 2018 : Résidence et présentation de travail à l’Hémicyclia au SCRIME – Université de Bordeaux.

Septembre 2018 : Deuxième résidence à la M270 à Floirac. Début du travail avec MM.Nicolas Rougier et Xavier Hinaut, chercheurs Inria-Labri (sciences informatiques),

Juillet 2018 : Rencontre avec la Direction Innovation, Partenariats, Entreprises de l’Université de Bordeaux en la personne de Hélène SCHWALM,

Avril 2018 : Première résidence à l’école municipale de musique et de danse de Floirac.
Janvier 2018 : Obtention du soutien financier de Cap Sciences et de la région Nouvelle Aquitaine Juin 2017 : Lancement du projet.

PARTENARIATS ETABLIS

Le projet a bénéficié du soutien financier de Cap Sciences et de la région Nouvelle Aquitaine à la suite d’un appel à projets en 2018.

  • Direction Innovation, Partenariats, Entreprises de l’Université de Bordeaux en la personne de Hélène SCHWALM, ChargéedeprojetsArtset Sciences.
  • MM.Nicolas Rougier et Xavier Hinaut, chercheurs Inria-Labri (sciences informatiques), plateforme Mnémosyne (Institut des maladies neurodégénératives).
  • Réseau néo-aquitain de la culture scientif ique . OARA